Allons directement au but. Si nous abordons cet oiseau aujourd’hui, c’est tout simplement parce qu’il va subir le même sort que beaucoup d’espèces animales. Il va rapidement disparaitre.

Non pas que son territoire soit détruit, quoique. Non, c’est parce qu’il est devenu un mets recherché !

Si cet oiseau était assez répandu en Europe et en Asie, sa population a fondu de 90% en 30 ans en raison de la chasse effrénée dont il fait l’objet pour remplir les marmites chinoises.

Bien que la Chine ait mis une interdiction de chasse depuis 1997, cet oiseau (et d’autres) est toujours capturé et revendu sur les marchés parallèles.

La prospérité en Asie, et l’évolution du pouvoir d’achat qui en découle, a permis à une nouvelle classe sociale d’accéder à des possibilités jusqu’alors impossibles. Dont la capacité à trouver ces bruants pour les manger. Rien qu’en une année, plus d’un million de ces bruants ont été tués dans la région chinoise de Guangdong.

Le bruant auréole vit dans la partie nord de l’Europe dont la Russie et migre en Asie du Sud-Est pour y passer l’hiver. Lors de ces passages, ils sont chassés comme cela se fait depuis des millénaires. Comme ils forment des bandes énormes, il n’est pas très difficile pour les trappeurs de les attraper au filet.

Depuis 1992, la capture de plusieurs milliers de ces oiseaux a lieu rien que sur un marché chinois, celui de Sanshui lors du « festival de la nourriture ». Ce qui a généré l’interdiction de 1997 mais il continue à se vendre 10.000 oiseaux PAR JOUR dans le sud de la Chine. Le Népal et le Cambodge s’y mettent aussi. Les mâles sont aussi capturés car une croyance dit qu’ils portent bonheur dans la maison. A cela s’ajoutent, bien sûr, les modifications qu’apporte l’agriculture dans la gestion des rizières et la disparition des roselières.

Ce déclin rapide et très important a obligé l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature a classifié cet oiseau comme étant en danger. L’Europe vient de l’inscrire sur sa liste rouge des espèces en voie de disparition. Certains scientifiques font un parallèle entre le bruant auréole et le pigeon migrateur américain qui disparut en 1914 après avoir obscurci le ciel américain tellement il était nombreux.

On peut aussi faire un rapprochement avec notre bruant ortolan qui finit dans les assiettes, cette fois bien françaises, après avoir été engraissé.

Triste fin, tristes hommes.

Photo : Manshanta Ghimire  - Wikimedia Commons